Un ensemble immobilier exceptionnel qui s’est développé sur plus d’un siècle et est particulièrement représentatif de l’implantation, du rayonnement et de l’évolution des coopératives laitières dans la région.
En 1905 M. Chevalet, un riche propriétaire fonde une petite exploitation laitière à une centaine de mètre du bourg de Massais. Dès l’année suivante elle deviendra avec l’accord de son fondateur, la Laiterie Coopérative de Massais. Près de 700 sociétaires élisent à la tête de la société M. René Lignée, agriculteur, Mr Jean-Alcide Gauthier, maire de Bouillé-Saint-Paul, devient vice président. Mr Chevalet devient quand à lui président d’honneur.
En 1910, le personnel comprend un comptable, deux contrôleurs, deux beurriers et un chauffeur, auxquels s’ajoutent des laitiers. La laiterie compte 967 sociétaires qui possèdent 1900 vaches, soit un peu plus de deux vaches par sociétaire. Cette même année, les 19 laitiers indépendants ont quand à eux collecté la quantité de 4 113 557 litres de lait issues de ces vaches de races mélangées[1].
La laiterie de Massais est célèbre pour son beurre, le beurre de Massais. Un beurre de baratte qui obtiendra une médaille d’or en 1937 dans le cadre du concours agricole de Paris, ce beurre est principalement vendu doux. Les beurres AOP Charentes-Poitou, dont il fait parti, sont particulièrement réputés dans le domaine de la pâtisserie.
La laiterie est construite à flanc de coteau sur différents niveaux de manière à profiter de la pente naturelle pour que le lait réceptionné tombe directement dans les cuves de la beurrerie située plus bas. Les bâtiments de 1905 sont en moellons de granit enduits, à charpentes en bois et toits en tuile mécanique. L’élévation du bâtiment de la beurrerie présente un petit pignon en son centre. Un lanterneau couvre le toit de la chaufferie. Une cheminée circulaire en brique mesure une dizaine de mètres.
Le site se développera rapidement, l’équipement en lui même est amorti en deux ans, et en 1951 le site de Massais s’agrandit avec la création d’un nouveau quai de chargement ainsi que d’une caséinerie. Cette dernière permettra de diversifier la production. En 1963, une fromagerie s’installe dans de nouveaux locaux construits par l’entreprise Morin d’Argenton-l’Eglise dans le prolongement direct de la beurrerie. Ils comprenent notamment un atelier de fabrication et des salles d’affinage. La coopérative produit alors notamment un fromage de type Edam, le Moulin-Neuf. Elle comptera plus d’une trentaine de salariés.
Parmi les productions phares du site, le beurre de Massais fut primé en 1937 en obtenant une médaille d’or au concours agricole de Paris. Il était apprécié aussi bien pour son goût que pour ses qualités nutritives. Plusieurs formages ont également été produits sur le site, c’était principalement des fromages de type edam au lait de vache avec différentes concentrations en matière grasse comme Le Moulin Neuf, Le Grand Chef, le Tonus, Diane et un fromage de type Saint-Paulin le Soleil du Poitou. Il y eu également plus tardivement une production de fromage biologique au lait de chèvre sur le site, du P’tit Massais, de Parmesan et même de gouda casher.
Le code sanitaire de la laiterie de Massais servant à identifier ses produits durant sa production était le 79V, 79 correspondant au numéro de département des Deux-Sèvres.
La production du beurre de Massais s’arrête à l’an 2000, la beurrerie ferme. Le quai de chargement, les bureaux et la fromagerie continuent des activités réduites. En 2002 l’établissement devient un centre de collecte fournissant le lait de vache à la laiterie de La Chapelle-Thireuil et le lait de chèvre à la société Rechard qui a racheté les bâtiments pour la fabrication de fromages de chèvre qui s’arrêtera autour de 2008[2]. Le groupe EURIAL acquiert ensuite le site, récupérant notamment les quotas laitiers des éleveurs travaillant avec la coopérative pour d’autres sites de production, la réception du lait s’arrête en 2013. Le site est alors laissé à l’abandon, pillé, squatté et vandalisé, il deviendra rapidement une ruine au point d’être muré par EURIAL à la demande de la mairie en 2015. Les intrusions continueront, le site sera par ailleurs progressivement envahis par la végétation.
[1] Informations historiques issues de La Merveilleuse Histoire des Laiteries des Deux-Sèvres par Daniel Perchey.
[2] Laiterie et fromagerie coopératives de Massais – Inventaire Général du Patrimoine Culturel (nouvelle-aquitaine.fr)